Essayer et rater, l’apprentissage par le « faire » au Fab Lab
Entrer la première fois dans un Fab Lab a de quoi perturber. On y croise des gens étranges qui vous parlent de logiciel libre et le va-et-vient incessant de la découpeuse laser ou de l’imprimante 3D intrigue l’œil curieux. Mais les outils et les usager·e·s ne sont pas les seuls éléments qui déstabilisent les visiteur·se·s. En effet, le Fab Lab reste un espace d’expérimentation, de test et parfois d’errance créative pouvant mener bien loin de l’objectif que l’on s’était fixé. Autrement dit, le Fab Lab est un endroit où la non réussite d’un objectif n’est pas forcément le synonyme d’échec ! Pour comprendre cette manière de voir l’apprentissage, il faut d’abord se pencher sur les méthodes pédagogiques classiques. Dans le système scolaire classique, les méthodes d’apprentissage sont plus ou moins basées sur la même logique : viser un objectif précis, prendre connaissance d’une méthode, l’appliquer et évaluer à la fin de l’apprentissage si cette dernière peut être restituée. Si cette transmission verticale qui remonte au XIXe siècle et qui va d’un·e professeur·e à l’élève reste majoritaire, les Fab Labs, et, dans une plus large mesure, l’environnement numérique, mettent en avant un mode d’apprentissage bien différent, basé sur le cycle d’essais et d’erreurs. Cette façon d’apprendre se retrouve notamment en science informatique : « generate and test » (génère et teste) ou bien dans les jeux vidéo sous la forme des « die and retry » (meurt et réessaye). Partir de la machineDans un Fab Lab, le point de départ reste les outils présents et ce qu’on peut faire avec. On est donc bien loin d’une logique d’apprentissage classique et c’est souvent ce qui déstabilise le plus le jeune public qui vient passer du temps ici. Pour les étudiant·e·s en design, la plupart n’ont pas à se préoccuper du « faire » puisqu’ils ont habituellement des professionnel·le·s pouvant faire fonctionner les machines pour eux. Quand le hasard fait bien les chosesPour le public provenant de l’APSV (Association de prévention de la Villette), une association qui s’occupe de jeunes en réinsertion sociale ou professionnelle, l’objectif est avant tout de leur redonner une certaine confiance en elle·eux mais aussi d’appréhender le Fab Lab comme un lieu où il est possible de réaliser des projets sans contrainte de réussite absolue. De plus, cette posture pédagogique a l’avantage de laisser la place aux L’essai-erreur, bon pour tout ?Reste à savoir si cette méthode a une place en dehors du Fab Lab. Certaines écoles comme 42, fondée par Xavier Niel, utilisent les cycles d’essais-erreurs dans sa fameuse épreuve de sélection appelée « la piscine ». Dans ce cadre, c’est la débrouillardise et parfois l’entraide qui permet aux élèves de se démarquer. Mais Olivier rappelle que ce type de fonctionnement peut aussi provoquer beaucoup de frustration notamment quand il demande à remplir un objectif bien précis. David-Julien Rahmil |