Le Kansas, l’autre Amérique de la bidouille

Tu vas t’installer en Californie ? Tu vas fonder ta start-up ?

Quand on est un brin bricoleur et qu’on annonce à sa famille, ses amis, ses collègues qu’on va aller s’installer aux États-Unis, les questions qui reviennent sont souvent les mêmes. Et c’est plutôt normal ! Elles représentent très bien le prisme par lequel, en France, on voit le DIY américain : explosant sur les côtes Est et Ouest, parsemé de petites compagnies révolutionnaires nées de rencontres dans un fablab ou un hackerspace avant de s’installer dans un garage, puis en incubateur avant de voler de leurs propres ailes.

Carte des États-Unis, le Kansas se situe au centre

Les États-Unis c’est grand, alors je nous ai fait une petite carte pour nous repérer 🙂

Alors histoire de changer un peu d’horizon, je vous emmène avec moi – Tom, documentaliste, médiateur culturel, bidouilleur – ni à l’Est ni à l’Ouest mais au milieu, dans le Kansas, un des états qui composent le Midwest américain. Vous connaissez sans doute déjà un peu le coin, même sans le savoir : entre La petite maison dans la prairie et ses grands espaces, les champs de la ferme Kent dans Superman ou les petites banlieues de United States of Tara, vous avez déjà un portrait assez fidèle de cet état aux multiples visages qu’on retrouve un peu partout dans la culture populaire contemporaine, mine de rien.

Le Kansas c’est grand, et aussi un peu vide, parfois

Imaginez trois millions de personnes au dernier recensement (grosso modo un vingtième de la population française) réparties sur un territoire qui fait un peu moins d’un tiers de la France : autant dire que sorti·e·s des grandes villes comme Kansas City, on ne se sent pas serré·e·s ! La plupart des déplacements personnels se font en voiture. Le système ferroviaire a depuis longtemps raccroché les gants face à cette dernière et pour le reste on se tourne en majorité vers l’avion, qui s’impose par exemple pour les gros déplacements nationaux.

Coucher de soleil sur K-4, l’autoroute la plus longue de l’état, et l’une de ses petites sœurs. Photo par Dylan Edwards.

Dans ce contexte de populations clairsemées et de longues distances, le Do It Yourself devient une nécessité logistique et économique. Logistique, parce que les distances font qu’on ne peut pas toujours appeler ses voisin·e·s, encore moins un·e spécialiste, dans l’urgence pour réparer le matériel important qui tombera en panne, tôt ou tard. Économique, non seulement parce que les longues distances font monter les prix en général mais aussi parce que le revenu moyen annuel dans la région, bien que la différence diminue ces dernières années, reste un brin inférieur au revenu moyen du pays (parallèlement, le taux de pauvreté dans le Kansas est en-dessous de la moyenne nationale).

Dans cette série d’articles, je vous propose donc de découvrir ensemble une autre facette de la bidouille à l’américaine : ces makers qui bricolent par passion et parce qu’il le faut, qui réconcilient nos représentations d’une terre qu’on imagine fermière avec des méthodes et technologies contemporaines, avec leurs spécificités culturelles locales, pour voir d’où viennent leurs racines et dans quelle direction ils et elles s’élancent.

Alors, on y va ?

Tom Maillioux
www.tommaillioux.net
@Bookmore

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