Durant trois semaines, le groupe a (re)découvert en théorie et en pratique les fondamentaux d’un Fab Lab. La session leur a permis aussi de faire le point sur l’avancée du futur Fab Lab de la Cité des sciences, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on a la tête dans la découpe laser.
La rentrée a été bien studieuse pour l’équipe du Carrefour Numérique² qui a suivi une formation de deux semaines au métier de Fab Lab manager, au Fac Lab de Gennevilliers. L’ouverture d’un Fab Lab à la Cité des sciences nécessite de faire évoluer les compétences pour embrasser ce métier neuf. Le groupe inaugurait au passage cette formation nouvelle en France.
Studieuse certes mais pas scolaire au sens rébarbatif du terme : l’objectif était de mettre en pratique les modes de fonctionnement collaboratifs à l’œuvre dans les Fab Labs, du moins en théorie. En préambule – outre l’ingurgitation de café-croissants -, une prise de notes commune a été mise en place pour documenter ce moment important : noter ce qu’ils y ont appris mais aussi les questionnements, et parfois les réponses nées des échanges.
Échanger sur une base commune
La petite troupe ne partait pas de zéro puisqu’elle prépare depuis plusieurs mois déjà l’ouverture du lieu : une partie de l’équipement est déjà en place, des panneaux pédagogiques ont été réalisés, etc. A quoi bon alors refaire une demi journée d’introduction sur le concept de Fab Lab ? Cela permettra à tout le monde d’échanger sur une base commune, d’être sur un pied d’égalité , a résumé Laurence.
En effet, en fonction des métiers actuels des uns et des autres, tout le monde n’avait pas les mêmes connaissances. Et entre glaner des informations à droite à gauche et avoir une vision synthétique du sujet, il y a parfois un écart. Les six points de la charte des Fab Labs ont été en particulier décortiqués, en s’attardant sur ses aspects ambigus.
La première partie de la session portait sur la théorie, trop même de l’avis général : les petits élèves auraient bien aimé alterner présentations et triturage de machines tout le long. On a pu voir Matthieu s’attaquer à Arduino à la pause déjeuner dès le deuxième jour. Non que le livresque soit inutile, mais les capacités d’écoute diminuent. Et d’analyse aussi : si la formation a aider à décanter des problèmes, après des mois « la tête dans le guidon », le filtre finit par s’encrasser à la longue.
Documenter, décomplexer, éviter les doigts coupés
Bon gré, mal gré, l’équipe a passé en revue les différentes « couleurs » de Fab Lab ou encore la documentation, un enjeu très important et un défi : on voit trop souvent des personnes venir faire un projet et ne pas laisser de documentation, ce qui freine le partage des connaissances et va à l’encontre de la logique donnant-donnant.
De même, l’animation de la communauté est un point autant essentiel que les machines. Les notions fondamentales de droit ont aussi été balayées, en lien avec la question des usager·e·s qui viennent avec un projet commercial. La formation a également examiné des aspects très pragmatiques, comme la gestion des stocks ou la sécurité : alors que notre société est de plus en plus précautionneuse, comment développer un lieu qui par définition met à disposition des outils qui peuvent blesser les usager·e·s ? Enfin, l’équipe a abordé un dernier enjeu majeur : comment aller à rebours des méthodes de travail scolaire françaises ? Apprentissage de pair à pair, droit à l’erreur, valorisation de la pratique et non plus de la seule théorie sont centraux dans les Fab Labs, ce qui peut dérouter les novices.
Il y a tout de même déjà eu un peu de pratique au milieu, avec la réalisation d’un tangram matière destiné à faire découvrir le Fab Lab. Ce petit projet a servi de prétexte à prendre en main les outils et les modes de travail dans ces lieux.
Impression 3D, couture, Arduino
La seconde semaine a été pleinement consacrée à la pratique, en mode projet. Nous avons travaillé par groupe de trois ou quatre personnes sur un projet durant quatre après-midi, détaille Laurence. Chaque matin, des usager·e·s du FacLab partageaient avec chaque petit groupe leurs connaissances sur l’impression 3D, la fraiseuse, Arduino et la couture. Car dans les Fab Labs, on ne trouve pas que des machines-outils assistées par ordinateur mais aussi de bonnes vieilles techniques comme la machine à coudre.
Pour le projet, nous avions des contraintes, poursuit Laurence : réaliser un projet utile pour un Fab Lab, qui utilise au minimum trois technologies différentes, un prétexte à apprentissage, et qui répond à l’un des thèmes suivants : interaction(s), partage, musique. Pour aller jusqu’au bout de la démarche, les projets finis ont été documentés en ligne : un bracelet-compteur et un badge à savoir-faire.
Et maintenant ne reste qu’à se lancer vraiment, d’abord pendant un stage, toujours au FacLab, puis dans le grand bain à la Cité des sciences. Learning by failing, comme dit l’adage.
Sabine Blanc
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