Mardi 15 juillet 2014, une partie de l’équipe du Carrefour Numérique² profitait d’une légère accalmie des activités en ce mois d’été pour rendre visite au CRI, le Centre de Recherches Interdisciplinaires, installé depuis huit mois dans un immeuble du quatrième arrondissement de Paris.
Après plus de trois heures passées à arpenter le lieu et à échanger avec les personnes travaillant là-bas, mon idée de faire un compte-rendu de visite s’est vite dissipée tellement le lieu est foisonnant. J’ai donc pensé à une combine : interroger mes collègues avec cette question identique S’il y avait un truc, un seul, à retenir de cette visite, un truc qui t’a interpellé, que tu voudrais mettre en avant, ça serait quoi ? . Voici leurs points de vue croisés. Vous l’aurez compris ce compte rendu n’est donc pas, mais alors pas du tout, exhaustif, factuel ou neutre.
On y trouve des chercheurs…mais en short !
Une fois que l’on pousse une grande et lourde porte cochère on est surpris par l’écart qu’il y a entre le nom Centre de Recherches Interdisciplinaires, à forte connotation universitaire, et le lieu, comme le souligne Olivier : On s’attend à un endroit froid, hyper technique et c’est le contraire, on y trouve une terrasse et des chercheurs… mais en short ! L’ambiance y est conviviale, beaucoup plus “à la cool” que ce que l’on peut imaginer en lisant l’acronyme du lieu ou en parcourant leur site web.
Une fois le premier stéréotype sur le monde de la recherche tombé, et après avoir bu un café dans l’espace de pause (et oui, ça compte ces moments d’échanges informels !), on monte à l’étage pour découvrir leur atelier de fabrication appelé l’Open Lab et ouvert depuis tout juste quatre mois.
Lamy, spécialiste chez nous, de la conception et fabrication assistée par ordinateur, y porte un regard attentif et en retient un petit détail technique astucieux, qui consiste à utiliser un miroir comme plateau pour l’imprimante 3D . Il a aussi remarqué ces grands posters qui tapissent les murs et qui sont dédiés au suivi des projets développés dans le lieu. Clément Larkin, adepte du Lean Management (littéralement « gestion maigre », « sans gras » une méthode d’organisation du travail en entreprise) et co-fondateur de l’Open Lab a proposé cette méthodologie et ça nous questionne. Il soulignera à ce sujet le fait que l’affichage, pour qu’il vive, doit être animé par le manager du lieu . Autant de pistes à explorer, pour améliorer la vie au sein de notre propre Fab Lab…
Nous voilà en train d’échanger sur un sujet qui interpelle tout le monde : les odeurs.
Après avoir traversé quelques couloirs, nous rencontrons Alexandre Evans, un passionné de biologie de synthèse qui nous parle avec enthousiasme d’un projet de recherche fort intriguant sur les odeurs corporelles. Ce projet est réalisé dans le cadre de l’iGEM (International Genetically Engineered Machine competition, compétition internationale de machines génétiquement modifiées) porté par le MIT (Institut de Technologie du Massachusett). Et en ce temps de forte chaleur, nous voilà en train d’échanger sur un sujet qui interpelle tout le monde : les odeurs agréables comme les plus désagréables, et comment les supprimer sans toucher aux bactéries qui en sont responsables mais restent indispensables à notre bonne santé.
(Alexandre lance un appel à toutes celles et ceux voulant participer de près ou de loin au projet, que cela soit en donnant ses propres odeurs ou en partageant ses connaissances en bio-éthique, communication, informatique… retrouvez-le sur Facebook ou sur Synbio4all.)
Le Gamelier est en résonance avec nos activités, on a plein de trucs à faire avec.
Cette visite du CRI nous permet de découvrir les coulisses de la recherche et nous amène aussi à identifier des atomes crochus entre nos deux structures… et le jeu en est un.
Après avoir écouté Alexandre Vaugoux , community manager au CRI , passionné de jeux, présenter des projets de recherche menés sur cette thématique (comme Redwire, une plateforme open source permettant de remixer des briques de jeux pour créer ses propres jeux ou Hero.Coli (capture d’écran ci-dessous), un outil de compréhension de la biologie de synthèse prenant la forme d’un jeu vidéo), nous nous projetons facilement sur de nouvelles activités à mener en collaboration avec le CRI et plus particulièrement avec l’association étudiante le Gamelier.
Cette association organise des rendez-vous réguliers autour du jeu sous toutes ses formes, de la Game Jam (nom donné aux rassemblements de passionné·e·s pour créer un jeu en temps limité, de 24 à 48 heures) à la Micro Jam (le temps est plus court, 2 à 4 heures). Comme le fait remarquer Mélissa Le Gamelier est en résonance avec nos activités, on a plein de trucs à faire avec cette association, comme organiser une Game Jam . Un outil utilisé par l’association pour animer des séances de créations de jeux a particulièrement retenu son attention la grande boite avec plein d’accessoires de jeux de société (composée d’une variété de pions, dés, dames… NDLR), c’est simple et pratique . Isabelle va dans son sens, elle aimerait clairement en savoir plus sur ce qu’ils font et trouverait ça cool d’organiser avec le Gamelier des activités autour du jeu. À creuser donc…
Inclusion du reste de la société au niveau de leurs démarches pédagogiques.
Cet atome crochu n’est pas le seul. Délicat pour Olivier de parler d’un seul point tellement le lieu est dense et riche. Il tient à rajouter combien nous partageons des axes de travail commun, comme celui de l’apprentissage. On parle de la même chose mais avec parfois des termes différents, quand on parle “d’apprentissage de pair à pair” ou de “médiation”, ils parlent de “partage de connaissances” et “de management de lieu et d’espace” mais les problématiques sont les mêmes.
David a été attiré comme Olivier par leur approche de l’apprentissage, il retient quand à lui l’ouverture et l’inclusion du reste de la société au niveau de leurs démarches pédagogiques. Le CRI essaye de croiser des champs disciplinaires différents mais aussi d’ouvrir à d’autres personnes qui ne sont pas issues uniquement du champ universitaire, par exemple avec l’association du Fabelier ou en adoptant des démarches de science participative comme avec les Saventuriers , qui mènent des actions en classe ou dans le périscolaire par des chercheur·se·s et qui favorisent auprès des enfants l’apprentissage des sciences par la recherche.
Livia, en stage chez nous pour quelques semaines, qualifie le lieu de créatif , son point de vue, plus général, est parfait pour résumer en une idée ce à quoi ressemble le CRI. C’est un établissement qui propose des formations diverses, qui est très dynamique, il y a plein de clubs et d’associations créés par des étudiant·e·s, il est ouvert à plein de projets et je trouve que cette liberté est stimulante pour les étudiant·e·s, ça invite à la créativité.
Encore merci à toute l’équipe du CRI de nous avoir ouvert leurs portes… et à cette occasion de nous permettre de questionner nos pratiques professionnelles.
Laurence Battais
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