Le light painting à l’honneur : et la lumière fut

L’événement Entrez dans la lumière, a illuminé le Carrefour Numérique² les 8 et 9 novembre 2014. Dans le cadre de l’exposition Lumières, en partenariat avec l’Embarcadère et La Fabrique royale, le light painting était mis à l’honneur à travers un circuit inédit de cinq étapes pratiques. Les ateliers ont permis de rendre palpables la pratique et la technicité du light painting, mais aussi de réaliser au Fab Lab ses propres lampes ou pinceaux lumineux avec plus cinquante éléments recyclés à disposition.

Pas loin de 1500 visiteur·se·s ont pu découvrir ou redécouvrir la pratique du light painting. Encore méconnue du grand public, elle existe pourtant depuis 1889, au départ pour des fins scientifiques. C’est dans les années 70 que la pratique s’inscrit dans l’art contemporain explique Chanette Manso lors de son atelier sur les prémices du light painting.

Alors de quoi a-t-on besoin pour réaliser une peinture de lumière ? Avant tout d’un bon reflex numérique (ou argentique), et d’un trépied (pour éviter le tremblement de la main). La prise de vue se déclenche en pose longue, et non en instantané comme on a l’habitude de faire. Ensuite on s’arme de lumière et de leds, avec lesquelles on dessine devant l’objectif. On obtient alors sur le cliché des traces lumineuses, faisant apparaître le mouvement de la lumière et sa beauté directionnelle : la fameuse peinture de lumière.

Dans ce courant, la photographie s’éloigne de son essence et apporte une originalité créatrice, qui a su fasciner des noms comme Man Ray ou Picasso. Le light painting a vu émerger des artistes contemporain·e·s dont certain·e·s étaient présent·e·s pendant l’événement. Durant ces deux journées, des talents comme Julien Breton, Jadikan, Gildas Malassinet, le Collectif Dazler, Dawn, Cisco, Juls Boo et Chanette Manset nous ont fait vibrer à travers leur passion et leur savoir-faire autour de cinq ateliers. Que se cache-t-il derrière une œuvre de light painting ? Comment réaliser une vidéo en temps réel autour de la lumière ? Quels sont les outils d’un·e artiste de light painting ? Quels sont les réglages nécessaires ? Comment la lumière devient-elle matériau ?

Fab Lab : construis ton pinceau lumineux

Pour faire du light painting il faut aussi et surtout de la lumière, alors au Fab Lab c’était un véritable feu d’artifice lumineux. Le circuit proposait un large choix de possibilités : apprendre, contempler, participer, mais aussi fabriquer sa propre lampe.

C’est à partir de pas grand-chose, de la récupération et des objets recyclés, que Sacha, 18 ans, photographe amateur depuis six mois, se prépare à fabriquer son sabre laser : J’ai voulu créer un sabre avec deux lumières différentes, un côté blanc et un côté rouge et intégrer un interrupteur pour pouvoir changer quand je veux. J’ai été conseillé par une équipe dynamique. J’ai expliqué ce que je voulais et à partir de ça, on m’a orienté avec le matériel à disposition. Mia, 6 ans, réalisera quant à elle, sous le regard de ses parents photographes, une jolie fleur lumineuse avec quelques leds et du fil.

L’histoire des techniques de light painting

En face du Fab Lab, on retrouve Chanette. Danseuse et photographe franco-américaine, Chanette est une artiste à double casquette, qui pratique le light painting depuis 1991. L’idée était de rendre saisissable le mouvement de la danse et de sa beauté à l’intérieur même d’une photo. Ce n’est pas évident au départ car la photo est par définition documentaire, mais grâce au light painting j’ai pu mêler mes deux passions et aujourd’hui j’utilise différents supports sur mes modèles, comme le body painting. Elle présente ses réalisations, d’une poésie remarquable, où le mouvement de la danse devient tangible. Elle explique aussi comment le light painting a vu le jour et son évolution vers l’art contemporain, l’art numérique et le street art.

Après la théorie, place à la pratique. Dans son studio, lumière éteinte, le public, pour la plupart néophyte, joue les modèles devant son objectif. Avec un cœur tissé de leds, les spectateur·trice·s participent timidement au jeu, sans trop savoir à quoi s’attendre. Les participant·e·s sont bluffé·e·s par le rendu et s’émerveillent de toutes les possibilités créatives que cette prise de vue offre : je ne connaissais pas le light painting et je regrette aujourd’hui l’argentique. Je trouve que tout le monde se dit facilement photographe et c’est vrai qu’avec cette pratique originale, certains artistes peuvent faire la différence, confie Philippe, participant à la séance.

Le Lightomatic ou la cabine photo du futur

Dans les couloirs, une cabine photo un peu particulière attire petits et grands. Présenté et encadré par le collectif Dazler et La Fabrique Royale, ce bijou est la première photocabine entièrement « light paintée » : Il permet aux publics d’expérimenter le light painting en réalisant leur propre œuvre lumière. Ils repartent avec leurs photos aux couleurs de leur pinceau lumineux explique Franklin Roulot, responsable de La Fabrique Royale.

La prise de vue dure deux minutes. D’abord on dessine les formes souhaitées et ensuite on pose. On peut même participer avec sa tribu : Avec mes enfants on s’est vraiment bien amusés, en plus on repart avec une photo originale, témoigne un père de famille. La cabine a réalisé plus de 300 clichés durant l’événement.

Light calligraphy

Julien Breton, dit Kaalam, spécialiste de la calligraphie, plusieurs fois récompensé pour ses réalisations, conjugue le light painting avec l’alphabet. Mon art est né de la volonté de créer un pont sémantique entre la culture arabe et occidentale, afin de créer un langage universel qui peut transmettre des émotions en allant au-delà des mots eux-mêmes. Calligraphe d’origine, il a commencé le light calligraphy en 2006, et a réalisé plus d’une centaine de performances à travers le monde.

Au Carrefour Numérique², Kaalam présente la plupart de ses œuvres et en explique la réalisation. Tout comme Chanette, en bon pédagogue, il invite les participant·e·s à prendre part à un cours de travaux pratiques.

Video painting

Un peu plus loin se tient l’atelier de Gildas Massinet, artiste light painting depuis 2005. Celui-ci utilise le procédé vidéo dit « en temps réel ». Souvent sollicité pour créer des spectacles, il travaille en collaboration avec des danseur·se·s et pour des installations interactives.

Le principe ? Un appareil photo est relié à un ordinateur. Un logiciel pilote l’appareil et lui permet de conserver une rémanence lumineuse des tracés effectués par l’artiste. Les dessins restent à l’écran durant un laps de temps et, grâce à un vidéoprojecteur connecté à l’ordinateur, on peut voir en temps réel la réalisation sur grand écran. On y voit d’ailleurs Louise, 9 ans, jouant de la guitare, son double de la flûte, et encore un autre de la batterie, le tout dans un décor tropical entièrement dessiné à la peinture de lumière.

Après ces deux jours de découverte, il ne fait pas de doute que le light painting a de beaux jours devant lui. Car à l’ère du numérique où l’on pense le huitième art en perte de vitesse, cette pratique pourrait lui garantir un nouvel élan. Alors si vous êtes amateur·trice, professionnel·le, ou juste curieux·se, n’hésitez pas à vous rendre au Fab Lab pour construire les pinceaux de demain.

Aurélie Guisiano

Retrouvez aussi le light painting en vidéo : Light painting, la lumière comme pinceau.

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