Les consoles DIY, retro gaming et préservation

C’est une petite borne qui trône fièrement devant l’entrée du Fab Lab. Créée par l’atelier D.Clic, avec Manuel Sorin et Cédric Le Jeune qui travaillent à la réinsertion de jeunes en difficulté, cette machine montre qu’il est possible de détourner du vieux matériel, à savoir une borne d’information de musée, pour la transformer en un objet bien plus cool, équipé de joysticks, de boutons et d’une petite carte mère suffisamment puissante pour faire tourner un émulateur de jeux comme Street fighter 2. C’est aussi une démonstration intéressante des possibilités éducatives d’une telle démarche, puisque le groupe de jeunes qui a monté cette machine n’y connaissait rien en électronique ou en informatique avant cet atelier.

L’idée de fabriquer sa propre console de jeu ainsi que sa propre borne d’arcade ne date pas d’hier. L’émulation de consoles de jeux sur un ordinateur par exemple existe depuis un bon nombre d’années. Mais c’est la démocratisation des pièces électroniques et la montée en puissance des nano ordinateurs Raspberry Pi qui ont permis aux makers de créer leurs propres consoles, pouvant émuler de très nombreuses plateformes et jeux. À partir du moment où l’on n’a pas peur de manier un fer à souder et de fouiller dans des bibliothèques de logiciels d’émulation, de nouvelles possibilités s’offrent aux amateur·trice·s de jeux vidéo, comme la fabrication de manettes d’arcade DIY, que les habitué·e·s du Carrefour numérique² ont déjà croisé au moins une fois au fond du Fab Lab. Il est aussi possible de monter ses propres consoles de jeux, plus ou moins portables, en créant un châssis imprimé en 3D et en émulant des jeux via Recalbox ou RetroPie, deux logiciels qui peuvent faire tourner la plupart des jeux PC et consoles des années 80 et 90. Pour en savoir plus, je me dirige vers Makoto No Burogu, un maker spécialisé dans la construction « from scratch » de bornes d’arcades dont les plans et la documentation mis en ligne sur son site ont justement permis la fabrications, par mac_call, des manettes du Fab Lab. C’est aussi sur son site que Manuel et Cédric ont trouvé l’inspiration pour la création de leur borne d’arcade.

Pour Makoto, la fabrication de consoles DIY doit être fait avec le respect du matériau d’origine. Il y a deux écoles, explique-t-il. Certains vont ouvrir une vraie machine comme une Game Boy ou une Super Nintendo, garder la coque extérieure mais enlever toute l’électronique à l’intérieur pour y glisser un Raspberry Pi à connecter à un écran d’ordinateur. D’autres vont plutôt monter le châssis de A à Z sans démontage du matériel électronique mais en achetant les boutons sur le net. Je préfère la deuxième école car la première approche abîme énormément le hardware qui est de plus en plus difficile à trouver même dans les magasins spécialisés japonais qui ont été dévalisés par des vendeurs avides.

Sur son site, on peut assister au fur et a mesure des publications, à la naissance d’une magnifique borne d’arcade, basée sur les modèles japonais luxueux, les candy cabs, dont l’écran fait 75 centimètres de large, contre les 50 habituels en France. Je suis électronicien de formation donc je faisais déjà pas mal de bidouille avant, raconte-t-il. J’étais aussi un fan des bornes d’arcade dans les années 90 et j’ai commencé par la fabrication d’une manette avec joystick et boutons pour pouvoir jouer à de vieux jeux sur un coin de table avec un écran et une carte mère. Par la suite j’ai dégoté une vieille télévision à tube cathodique et je l’ai modifiée pour pouvoir y afficher les jeux dans leur résolution native. Pour finir de satisfaire mon côté puriste j’ai finalement construit un meuble pour en faire une borne définitive.

cc-by-sa Makoto

De cette construction qui a duré près de deux ans, Makoto retient surtout une certaine logique de préservation et de protection du matériel et du savoir-faire de l’époque, que l’on pourrait comparer à de l’archéologie vidéo ludique et expérimentale. Avec la raréfaction des consoles et l’augmentation hallucinante des prix sur le marché de l’occasion, je pense qu’il faut vraiment aborder le retrogaming sous la forme de la préservation, comme peut le faire MO5 (une association qui milite pour l’ouverture d’un vrai musée du jeu vidéo). L’idée générale est de pouvoir jouer à des vieux jeux sans se sentir confisqué par un marché de l’occasion qui profite de la nostalgie.

Si vous aussi voulez mettre la main à la pâte et retoucher aux vieux jeux de votre enfance, on vous encourage donc à vous rendre sur notre wiki. Il vous sera possible de monter un boitier raspberry b+ pour en faire une console personnalisée ou bien cette petite extension qui permet d’ajouter des boutons supplémentaire et de se passer de clavier.

David-Julien Rahmil

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