Les fables de la Cité – une histoire de collaboration

Les fables de la Cité est une animation conçue et animée par les médiateur·trice·s de la Cité des enfants 2-7 ans. Durant tout l’été, au travers de trois fables, la pieuvre et les poissons, le corbeau et le cochon, le capucin et le cratérope, les enfants ont découvert les étonnants comportements de ces animaux. Caroline Panot et Robin Almansa nous dévoilent les coulisses de cette animation.

[Mise à jour : l’atelier les fables de la Cité est à nouveau programmé à la Cité des enfants du 10 au 15 décembre 2015 et du 5 janvier au 3 avril 2016.]

Caroline Panot est médiatrice à la Cité des enfants depuis 2008, elle est la chargée de projet de l’animation « les fables de la Cité ».

Robin Almansa a été stagiaire en médiation scientifique à la Cité des enfants de mai à fin août 2015. Il suit un Master de communication et médiation scientifique à Grenoble. Il a conçu les animaux de l’animation au Fab Lab.

Les fables de la Cité en quelques mots

Pourriez-vous me parler de cette animation, d’où est partie l’idée ?

Caroline : ce projet d’animation est en lien avec l’exposition chiens et chats. Les deux équipes, 2-7 ans et 5-12 ans, avaient l’envie de faire une animation sur ce thème-là. La chargée de projet de l’animation des 5-12 ans, Anneli Airaksinen, a fait des études d’éthologie, nous avons pu profiter de leurs réflexions et partager leurs savoirs pour concevoir et orienter un peu différemment l’animation des 2-7 ans. La conception a débuté en janvier 2015.

Dans votre animation, il y a une pieuvre, un corbeau, etc… pourquoi ces animaux ?

Caroline : au début, on ne s’était pas focalisé sur ces animaux-là en particulier, on a exploré au maximum la documentation en éthologie. On a lu notamment beaucoup d’ouvrages de Vinciane Despret et d’articles scientifiques pour glaner des anecdotes sur un maximum d’animaux. On a aussi rencontré Élodie Ducasse, qui travaille au Palais de la Découverte et qui est diplômée aussi en éthologie, pour ouvrir un éventail très large. Ensuite on a resserré sur quelques animaux dont le comportement nous paraissait vraiment intriguant pour les enfants. On voulait en même temps trouver des animaux qui étaient familiers, par exemple le chien, le cochon, que l’on croit connaître et finalement que l’on redécouvre dans les fables, et des animaux beaucoup plus mystérieux, comme le cratérope dont personne n’a jamais vraiment entendu parler, sauf ceux qui auraient lu des articles d’éthologie.

Robin : ce sont aussi des animaux de différents milieux : terrestres, d’élevage, vivant dans les océans, dans la jungle…

La collaboration avec le Fab Lab

© V.Castro-EPPDCSI

Comment avez-vous entendu parler du Fab Lab ?

Caroline : je crois que la première fois c’était à l’ouverture. Je me souviens d’une collègue qui était revenue avec une fourmi en contre-plaqué et qui avait commencé à en parler en nous montrant ce qui avait été fait. Donc je pense que c’est resté dans un coin de ma tête.

Robin : je connais déjà le Fab Lab car mon Master est en partenariat avec la Casemate. On a des cours là-bas, donc je connaissais le principe. Et je connaissais le Fab Lab et le Carrefour Numérique² de la Cité parce que j’avais fait une demande de stage cette année pour le Living Lab. Je m’étais donc un peu renseigné. Je connaissais l’état d’esprit des Fab Labs, qu’on apprend par soi-même…, mais pas du tout le fonctionnement, donc ça m’intéressait.

Comment avez-vous eu l’idée d’utiliser le Fab Lab pour concevoir vos supports de médiation ? Racontez-moi comment ça s’est passé.

Caroline : C’était avec Émilie, qui était à l’époque en stage. On se demandait comment on allait fabriquer notre corbeau, nos cochons, nos marionnettes. On a essayé de faire des découpes nous-même dans du carton-plume. C’était catastrophique ! On avait l’impression que les pieuvres avaient des poils… On s’est dit non, ça fait trop bricolage…

Du coup, on s’est dit pourquoi pas au Fab Lab ? On est donc venues en éclaireuses, visiter l’endroit, poser des questions. C’est Rachid que l’on a croisé en premier, j’étais venue avec mon petit cahier pour l’interviewer : comment ça se passe ? Qu’est-ce qu’il faut comme fichier ? Est-ce que c’est vous qui concevez avec nous ? Il nous a tout expliqué depuis le début, l’esprit du Fab Lab, que l’on vient avec nos projets, que les utilisateurs se transmettent les connaissances, ceux qui travaillent sur une machine peuvent répondre aux questions, qu’il fallait documenter notre projet. On s’est dit bon on a beaucoup de travail ! parce qu’on partait vraiment de rien. Robin est arrivé peu de temps après.

Vous avez dessiné les animaux vous-même ?

Robin : Pour la pieuvre, on a pris un dessin sur Internet. On débutait sur Inkscape, on a voulu vectoriser, ça faisait plein de points, de traits… c’était pas propre. On a donc décidé de faire les contours nous-même, point par point. C’était un peu long.

Le corbeau, par contre, c’est Mélissa qui nous a aidé. Pareil c’était un dessin trouvé sur Internet et là on est arrivé à vectoriser, ça a créé pleins de contours, elle est arrivée à ne garder qu’un seul contour, ça lui a pris trois minutes alors qu’honnêtement j’y ai passé huit heures, j’en pouvais plus. Le corbeau c’est le premier animal qu’on a réussi.

Au début, quand on s’est lancé, je n’osais pas demander. Je commençais mon stage, je ne connaissais personne et je n’osais vraiment pas demander. Après j’ai autant demandé aux médiateurs qu’à des utilisateurs et ça c’est cool !

Le dessin le plus long a été le cochon.

© V.Castro-EPPDCSI

Au départ, on a voulu faire le bouledogue, que Momo (utilisateur du Fab Lab, NDLR) a créé, et Émilie avait eu l’idée de le déformer pour en faire un cochon… mais on n’a pas du tout fait ça. Sur le site du Fab Lab de Lille, il y avait plusieurs sites, dont un que je connaissais et sur lequel il y a des fichiers tout prêts. Il y avait un cochon avec des ailes pour papier. J’ai donc changé toutes les dimensions des fentes pour que ce soit sur du medium 3 mm. J’ai mis un temps fou et ça n’a pas marché parce que ça ne rentrait pas. Je m’étais trompé dans les dimensions. On a donc réfléchi à un autre matériau, le carton plume, même s’il y a un petit défaut, on arrive à l’enfoncer. Le cochon a été le plus long à faire au Fab Lab.

Quelqu’un d’autre qui travaille au Fab Lab nous a aidé pour les dimensions, on a tout multiplié par trois. Au lieu de ne mettre qu’une planche dans les fentes, on en a mis trois, ça s’enfonçait parfaitement et ça tenait.

Vous avez bien compris l’état d’esprit du lieu : le DIY, la collaboration. Que pensez-vous de mode d’apprentissage ?

Robin : C’est pas facile d’aller dans un Fab Lab au départ, ça fait peut-être un peu peur parce qu’on a l’impression que ce sont des pros, des gens qui sont qualifiés et qui sont dans leur truc mais au final non, faut oser leur demander, c’est pas une démarche qu’on a facilement de demander à tout le monde. Mais une fois que l’on a compris ça, l’idée est bonne.

Caroline : Une fois que t’es habitué, ça devient un peu ta deuxième maison.

Robin : Aussi un truc qui fait peur au Fab Lab, ce sont les machines. On sait que ça coûte cher et que c’est fragile. Si on ne sait pas bien s’en servir, on peut se tromper, moi j’avais vraiment peur de ça ! De faire une erreur à chaque fois. Mais au final je suis content car j’ai fait le dessin, on a trouvé le matériau, on l’a fabriqué c’est vraiment un truc qu’on a conçu nous-mêmes !

Isabelle Chabanon-Pouget


L’équipe projet :

Robin Almansa
Émilie Lefebvre
Pascal Martin
Caroline Panot
Coco (Corinne Souillard)
Florence Tranchida

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