Jeudi 9 août 2018 Bonjour à tous,

J'ai réalisé de la maroquinerie inspirée par la gestuelle, la manière de porter un sac et l'empreinte laissée par la main. Les pièces sont réalisées à partir de strates de cuir découpées au laser.

Ces clutch bags ont été entièrement fabriquées en France, avec l'utilisation de chutes de cuir provenant de la Réserve des Arts (Pantin) et de Fournisseurs français de luxe. J'ai utilisé principalement de l'agneau plongé et du veau, en jouant sur les contrastes de couleur et/ou de textures.

J'ai ainsi mixé cuir lisse, grainé, mat, brillant, vernis, velours ou encore veau façon poulain. Je me suis beaucoup intéressée au toucher. On parle d'ailleurs de la « main » du cuir pour évoquer cela.

J'ai conçu ces pièces en étroite collaboration avec un artisan basé à Paris et effectué certaines étapes par moi-même . J'ai eu la chance de rencontrer un artisan passionné qui m'a épaulé et beaucoup appris, me permettant de suivre chaque étape de la réalisation des pochettes. Ce fut une très belle rencontre et cette expérience m'a beaucoup appris.

Je me suis rendue régulièrement au carrefour numérique et j'ai principalement utilisé les découpeuses laser (Trotec 300 et 400).

Je vais donc vous indiquer quelques conseils pour la découpe du cuir.

Tout d'abord, il faut savoir que chaque cuir réagit différemment, selon son épaisseur, sa nature et son traitement.

Je vais prendre quelques exemples afin d'illustrer mon propos :

-AGNEAU PLONGÉ

Non traité, le cuir que j'ai utilisé est très fragile. Il faut trouver le réglage adéquat et ne pas hésiter à effectuer des tests au préalable.

Voici un exemple de réglage : *puissance 16 % *vitesse 2 % *fréquence 1000 Hz

Il faut trouver le bon réglage, permettant de découper suffisamment en brûlant la surface le moins possible, ce qui est particulièrement délicat en ce qui concerne les cuirs clairs. Une fois le cuir découpé, il faut le nettoyer, ce qui est une étape très importante. J'ai utilisé du papier absorbant ainsi que des coton-tiges pour enlever les impuretés sur le dessus et surtout sur les tranches. J'ai ensuite poncé les tranches avec un papier des verre très peu abrasif, enroulé autour d'un crayon qui permettait un travail plus propre et une plus grande précision.

J'ai ensuite ciré les tranches : 6 couches, avec ponçage entre chaque pose de cire.

Le cuir peut ensuite être imperméabilisé légèrement à l'aide d'un produit en bombe. Il se patinera avec le temps.

Ce type de cuir existe dans un très large choix de teintes subtiles. Il est particulièrement agréable au toucher. Il est teinté dans la masse.

-VELOURS D'AGNEAU

Les réglages sont un peu différents de l'agneau plongé, la puissance étant en effet augmentée sensiblement. Le traitement ensuite est le même. -VEAU

Il peut être lisse ou texturé, vernis ou non. Les réglages peuvent être très variables, selon l'épaisseur et le traitement. Le cuir de veau, nettement plus épais et dense que l'agneau, demande par conséquent souvent une puissance plus élevée.

En ce qui concerne le cuir vernis, il faut tout d'abord bien vérifier qu'il ne contient pas de substances nocives (pas de chlore, fluor, PVC ou Téflon). En effet, ces produits ne doivent en aucun cas passer au laser.

Ce cuir est à nettoyer également, à la brosse douce, au papier absorbant, éventuellement au coton-tige si besoin pour les finitions. Les tranches peuvent être poncées et cirées pour un résultat orienté luxe.

Une fois les tranches traitées, on peut nettoyer et nourrir la surface à l'aide de crème hydratante pour bébé.

-VEAU FAÇON POULAIN

Le cuir que j'ai utilisé demandait un réglage assez puissant. Il faut faire attention à la direction des poils. Le laser les coupe en effet de manière net.

Pour résumer, chaque cuir réagit différemment selon sa « main », son traitement et sa nature. Il ne faut pas hésiter à faire des tests, tel qu’un carré de 1x1cm puis avec la forme définitive.

Un seul passage de laser ne suffisait parfois pas, il fallait que le laser vienne découper une deuxième fois, avec un réglage un peu plus faible, jusqu'à ce que la forme soit bien découpée. Dans ce cas il ne faut surtout pas déplacer la pièce. On peut vérifier avec un épingle que la forme est bien découpée. Le cuir peut être aimanté, en dehors de la zone de découpe, pour éviter qu’il ne bouge.

Dans le cas d'un 2e passage, on clique alors sur la fonction « relancer la ligne de découpe ».

Le cuir sent très mauvais lorsqu'il est découpé, mais heureusement l'odeur s'estompe après quelques jours, à l'air libre.

J'ai pris l'habitude de placer les pièces découpées entre 2 feuilles blanches A4, tout de suite après la découpe, en attendant le nettoyage et le cirage. Ces deux étapes sont longues et fastidieuses mais très importantes afin d'obtenir un résultat de qualité, et apportent une belle valeur ajoutée.

En conclusion, le cuir se travaille très bien au laser, lorsque l'on suit ces quelques principes,

Bonnes découpes et à vous de jouer, maintenant !

Marie