Création en cours de l'installation « Le langage des broussailles » dans le cadre de la résidence d'artiste au Carrefour numérique.
L'entrée au fablab m'a saisi d'un sentiment familier de recherche intimement lié à la création. Les inventions qui composent l'espace produisent un champ des possibles qui repousse les limites de l'imaginaire et de la technique. Dans cette fourmilière de fonctionnements, le bricoleur cohabite avec l 'invasion de la passion robotique . Cette plate-forme de potentialités crée une émulation ou chaque table de travail peut devenir le tremplin d'un objet encore non identifié. Au fond , le laboratoire des transparences ouvre ses portes dans une atmosphère contrôlée. Les étapes de production se succèdent dans les mains des inventeurs. Les carters de protection se referment sur l'infinité des matériaux qui défilent sous les optiques laser . Les lignes rougies des bureaux d'études pilotent la puissance, les vitesses, tracent les dessins qui s'opèrent devant nos yeux. L'on assiste en directe à la naissance de son idée. Le numérique défie cette translation mentale où les barrières entre l'imaginaire et la fabrication se heurtent au porte de la standardisation. Les procédés se décloisonnent pour créer des brèches d'innovations accessible à tous . La marginalité et les personnalités foisonnent dans une explosion d'expériences où l'on repense sa vision du monde en assemblant les pièces détachés de sa propre histoire. Ce paysage de bois brûlés à la précision chirurgicale est devenu le foyer nourricier de l'installation : Le langage des broussailles. Le va et vient entre les écrans, la main, la machine et le feu ont réanimé l'imaginaire de visions primitives et oniriques . Gaston Bachelard évoque cette fascination dans la psychanalyse du feu : « Manquer à la rêverie devant le feu, c'est perdre l'usage vraiment humain et premier du feu. » La technique de pyrogravure sur le bois découpé a été le premier acte dessiné pour marquer un autre temps dans le lieu et retenir la poétique des braises éclairs de la découpe laser… Le travail de chaque matière s'est ainsi mise en scène dans un équilibre entre planification virtuelle et improvisation manuelle. Les premier traits qui émergent du vide sont provoqués par la déformation du plastique à la chaleur. Ces feuilles transparentes commencent à onduler,se plisser , se griffer et s'accrocher au centre de l'installation . L'étendoir mémoriel se crée dans les rotations d'une sphère armillaire qui se met en marche . Autour de ce mouvement perpétuel ,les histoires se croisent, s'entremêlent pour dématérialiser les frontières entre les dimensions structurales, organique, végétal . Cette vision fragmentée compose un microcosme vivant où la pensée traverse les espaces manquants…